Projet et architecte

En hiver 1954, face à la pénurie de logements et aux besoins d’équipements locaux et d’infrastructures, la Caisse des Dépôts crée plusieurs filiales spécialisées dont la SCIC (désormais ICADE) qui financera avec le soutien de l’état des projets sociaux H.L.M mais également des projets indépendants à visée lucrative et avec une ambition architecturale.

André Croizé (1897–1984) fait partie de ces figures discrètes mais essentielles qui ont marqué leur époque. Médaillé militaire, croix de guerre 14-18, Chevalier de la Légion d’Honneur, il poursuit après la Grande Guerre des études à l’École des Beaux-Arts de Paris, dont il sort diplômé en 1923.

Il rejoint le Front National des Architectes durant la Seconde Guerre mondiale. Après la Libération, il est nommé architecte en chef de la reconstruction pour le département de l’Aisne. On lui confie notamment la renaissance de la ville basse de Laon, et la conception de l’église Notre-Dame du Sauvoir, aujourd’hui labellisée « Patrimoine du XXe siècle ».

Président de l’Union des Architectes Français et membre du comité de rédaction de la revue” L’Architecture Française”, il contribue aux réflexions de fond sur son métier. Dans ses articles, parus notamment dans Techniques & architecture (1944 et 1946), il plaide pour la nécessité d’associer architecture et technique, dénonçant une formation trop artistique dans les écoles d’architecture de l’entre-deux-guerres.

Proche des idées de Le Corbusier, André Croizé incarne une pensée architecturale dit “mouvement moderne”, dont les maîtres mots sont rationalisme et le fonctionnalisme.

Certains marqueurs caractéristiques de ce courant comme la présence des toits-terrasse ou encore de nombreuses baies vitrées en sont la parfaite illustration. La conservation de l’habitat est facilitée par la qualité des matériaux utilisés lors de sa construction : pierre de taille, lobby en travertin, placage en acajou… La présence d’espaces de loisirs et de détente intégrés au quotidien des habitants inscrivent cette réalisation dans un idéal de vie moderne de l’époque, toujours actuel pour l’ensemble des résidents.